Meurtres en Soutane by James Phyllis Dorothy

Auteur:James, Phyllis Dorothy [James, Phyllis Dorothy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782213609454
Éditeur: Fayard
Publié: 2001-02-14T23:00:00+00:00

8

Le téléphone avait réveillé Piers Tarrant à six heures quinze. Dix minutes plus tard, il était prêt à partir. Il avait reçu pour instruction de passer prendre Kate Miskin chez elle, ce qui ne le retarderait pas : l’appartement de Kate, situé juste après Wapping, se trouvait sur la route qu’il se proposait de prendre pour sortir de Londres. Le sergent Robbins, qui habitait à la frontière de l’Essex, se rendrait sur place avec sa propre voiture. Avec un peu de chance, Piers espérait le dépasser. Il alla chercher son Alfa dans le garage où il avait une place grâce à la police municipale, mit son sac à l’arrière et prit la même route que Dalgliesh deux jours auparavant.

Comme tous les dimanches à cette heure, les rues étaient désertes. Kate l’attendait devant son immeuble, où elle occupait un appartement donnant sur la Tamise. Elle ne l’avait jamais invité à entrer, et elle non plus n’avait jamais vu l’intérieur de son appartement de la Cité. Elle adorait le fleuve, que la lumière autant que la marée rendait toujours changeant, tout comme lui adorait la Cité, où il vivait dans un trois-pièces au-dessus d’un traiteur dans une ruelle proche de St Paul. Les copains de la police n’entraient pas chez lui. Dans son appartement, où rien n’était superflu, tout était soigneusement choisi et aussi coûteux que ses moyens le lui permettaient. Avec ses églises et ses petites rues, ses cours et ses passages pavés, la Cité était l’endroit où il se changeait les idées et se détendait après le travail. Comme Kate, il était fasciné par la Tamise, mais dans la mesure où elle faisait partie de la vie et de l’histoire de la Cité. Il allait travailler à vélo et n’utilisait sa voiture que lorsqu’il quittait Londres, mais quand il conduisait, il fallait que ce soit une voiture dont il puisse être fier d’être propriétaire.

Après un bref bonjour, Kate s’attacha sur le siège à côté de lui, et les premiers kilomètres se passèrent en silence. Cependant, il sentait son excitation, comme il savait qu’elle sentait la sienne. Il avait de l’affection pour elle et il la respectait, mais leurs rapports professionnels n’allaient pas sans occasionnelles manifestations d’agacement ou de rivalité. L’afflux d’adrénaline qui accompagnait le début d’une enquête était toutefois une réaction qu’ils partageaient. Il lui arrivait de se demander si cette émotion quasi viscérale n’avait pas un rapport gênant avec le goût du sang ; en tout cas, elle devait être parente de celle que connaissait le chasseur.

Lorsqu’ils eurent laissé les Docklands derrière eux, Kate dit : « Mets-moi au parfum, maintenant. Tu as fait de la théologie à Oxford, tu dois avoir entendu parler de ce collège. »

Qu’il ait jadis étudié la théologie à Oxford était une des rares choses qu’elle savait de lui, et qui, d’ailleurs, n’avait jamais cessé de l’intriguer. Parfois, il se disait qu’elle le croyait doté d’une perspicacité particulière ou d’un savoir ésotérique qui lui donnaient un certain avantage lorsqu’il s’agissait de comprendre les mobiles d’un acte et les vicissitudes du cœur humain.

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